Instruments d’examen

Le principe du « juste soin » en odontologie gériatrique

Chez la personne âgée dépendante ou polypathologique, le raisonnement thérapeutique ne peut être calqué sur celui appliqué à un patient jeune ou autonome.
L’état général, les traitements en cours, les troubles cognitifs, les difficultés de déglutition, la fatigabilité ou encore le risque de refus imposent au praticien d’adopter une démarche fondée sur le juste soin.

Le juste soin, c’est celui qui trouve le point d’équilibre entre le bénéfice attendu, la tolérance du résident et sa qualité de vie.
Il s’agit moins de rechercher l’idéal technique que de déterminer ce qui est cliniquement pertinent, acceptable et proportionné pour la personne concernée.
C’est une approche de proportionnalité thérapeutique, inspirée des principes éthiques de la gériatrie : ne pas renoncer aux soins, mais ne pas imposer des actes disproportionnés au regard de l’état général et du pronostic.

Ainsi, dans certaines situations, la priorité ne sera pas la restauration fonctionnelle complète, mais la suppression de la douleur, la prévention infectieuse ou le maintien d’un confort masticatoire minimal.
Ce « juste soin » suppose une évaluation clinique globale, intégrant les contraintes médicales, psychiques et sociales, mais aussi la possibilité d’assurer un suivi réaliste (hygiène quotidienne, contrôle, ajustement des prothèses…).

La mise en œuvre de ce principe repose sur une concertation interdisciplinaire : le dentiste ne décide pas seul, mais en dialogue avec le médecin coordinateur, le personnel infirmier, la famille et, si possible, le résident lui-même.
Dans le cadre de la télé-expertise, le « juste soin » consiste aussi à guider le personnel sur la conduite à tenir (surveillance, soins palliatifs, soins différés ou prioritaires) en tenant compte du contexte global.

Le « juste soin », en odontologie gériatrique, n’est pas un soin minimaliste : c’est un soin ajusté, raisonné et humaniste, où la qualité de vie prévaut sur la seule correction des lésions.

Par |2025-10-25T10:12:59+02:0025 octobre 2025|Catégories : Instruments d'examen|

La télédentisterie facilite l’accès aux soins bucco-dentaires des personnes âgées

La téléconsultation bucco-dentaire est une pratique de télémédecine spécifique à la dentisterie, permettant à un professionnel de la santé bucco-dentaire de consulter, diagnostiquer et conseiller à distance un patient qui en fait la demande. La téléexpertise bucco-dentaire, met en relation des professionnels de la santé sur des cas cliniques complexes ou spécifiques, grâce à l’utilisation des technologies de l’information et de la communication. Dans notre cadre spécifique de santé bucco-dentaire des personnes dépendantes en institutions ou à domicile, c’est bien le personnel de soins local (médecin, infirmier, professionnels de la revalidation etc…) qui fera la demande de téléconsultation, ou plus exactement de téléexpertise bucco-dentaire auprès d’un professionnel de la dentisterie, qui lui-même pourrait demander l’avis d’un autre professionnel médical spécialisé.

La téléconsultation s’intègre naturellement dans le parcours de soins en tant que prise en charge thérapeutique et implique une interaction directe avec le patient. Elle se distingue ainsi de la téléexpertise, qui consiste en un échange différé entre deux professionnels de santé pour obtenir un avis expert.

En institutions, deux situations bien distinctes semblent être adaptées à la téléexpertise :

  • l’examen bucco-dentaire lors de l’admission d’un nouveau résident :
  • l’examen bucco-dentaire qui accompagne la description d’une plainte bucco-dentaire d’un résident.

Lors de l’examen médical global d’admission, l’état bucco-dentaire d’un nouveau résident peut nécessiter l’avis expert d’un dentiste pour plusieurs raisons : constater la nécessité d’une prise en charge dentaire ou prothétique, orienter vers un protocole d’hygiène bucco-dentaire spécifique (de plus en plus de résidents en maisons de retraite ont des prothèses complexes avec des systèmes d’ancrage sur implants), déterminer la capacité masticatoire du résident et définir les textures alimentaires adaptées, etc. L’avis expert, la recommandation ou la préconisation du dentiste sont particulièrement pertinents dans le cas de douleur – gêne – plainte bucco-dentaire. Dans ces deux cas, l’examen bucco-dentaire étant visuel et effectué par des non professionnels de la dentisterie, une documentation comme l’inclusion d’une grille d’évaluation ou des photographies cliniques, pourra enrichir les données consignées.

La plupart des grilles d’évaluation comportent des items pertinents (mastication, douleur, inflammation gingivale, dents ou prothèses endommagées), mais certains sont difficiles à évaluer sans un apprentissage préalable. De plus, le personnel soignant accorde souvent une faible priorité à la santé bucco-dentaire, et divers facteurs – manque de temps, sensibilisation et formation insuffisantes, comportement non coopératif des patients – compliquent l’évaluation correcte selon les exigences des grilles. Même la section bucco-dentaire actuelle du BelRAI (version adoptée en Belgique et principalement utilisée en Région flamande) présente des lacunes importantes en termes de validité et de fiabilité d’après l’étude complète du Dr Stefanie Krausch-Hofmann. Elle propose des aménagements du BelRAI, notamment l’utilisation de photographies et de formations spécifiques, qui améliorent de manière très significative la précision des évaluations par le personnel de soins.

Le concept des grilles d’évaluation, s’il est bien conçu et correctement mis en œuvre, peut offrir de nombreux avantages en termes de standardisation, objectivité et efficacité. Mais la finalité d’une grille d’évaluation est bien plus importante que le choix du type de grille ou des items qui la composent. Personnellement je prône pour une approche équilibrée, combinant grille d’évaluation et jugement professionnel, qui peut souvent offrir les meilleurs résultats en atténuant la rigidité de la grille par la prise en compte des particularités individuelles et des contextes spécifiques. Je pense que la formation des personnels de soins en matière de santé bucco-dentaire dans les institutions doit emprunter 2 chemins : L’apprentissage des bonnes pratiques d’hygiène buccale et prothétique et l’enseignement clinique d’un examen bucco-dentaire visuel documenté.

La qualité de la documentation de l’examen bucco-dentaire (photographies cliniques standardisées) prend une tout autre importance à l’ère de la télémédecine où applications et logiciels de communication sont sécurisés pour protéger la confidentialité des données des patients.

Le 1er juillet 2024, en Belgique*, l’Assurance maladie a définitivement validé « l’avis téléphonique » du dentiste (en remplacement de la nomenclature provisoire héritée du Covid). C’est un avis certes limité dans la quantité (20 par mois) mais ouvert à toute la patientèle des dentistes. J’appelle ici mes consœurs et confrères à réserver quelques-uns de ces avis d’expert à une collaboration interprofessionnelle avec le personnel de soins des maisons de repos ou d’établissements accueillant des personnes en situation de handicap.

L’amélioration de l’évaluation bucco-dentaire par la téléexpertise bucco-dentaire peut conduire à une meilleure prise en charge des personnes dépendantes, avec des implications positives pour leur santé générale et leur qualité de vie.

Dr Simon Benoliel, DMD Paris VII-1987. Directeur fsbd

*En France, vient d’être signé l’avenant 1 à la convention dentaire, où entre autres : le texte permet désormais aux dentistes de « pratiquer la télé-expertise bucco-dentaire, pour favoriser le soin des personnes éloignées du système de soins ou présentant des suspicions de pathologies dentaires graves ou rares », indique l’Assurance maladie dans un communiqué. En pratique, les dentistes pourront procéder à des télé-expertises (donner un avis à distance) dans deux cas spécifiques. Ils pourront répondre à des demandes d’établissements d’hébergement pour personnes âgées (Ehpad) et d’établissements accueillant des personnes en situation de handicap mais également solliciter l’avis d’un confrère en cas de suspicion de cancer oral ou de maladies rares.

Par |2025-04-14T09:07:23+02:0022 juillet 2024|Catégories : Instruments d'examen|

La téléconsultation bucco-dentaire en maison de repos

La télémédecine bucco-dentaire en maisons de repos et de soins : quels instruments d’examen bucco-dentaire pour le personnel de soins ?

Le grand public a découvert la télémédecine ou la consultation à distance, à travers la crise sanitaire qu’a engendré le covid-19. Au début de la pandémie en mars 2020, les dentistes étaient autorisés à traiter uniquement les urgences dentaires afin de limiter la propagation du virus et de préserver les équipements de protection individuelle (EPI) qui étaient en pénurie à ce moment-là. Les dentistes ont été encouragés à trier les patients par téléphone et à n’accepter en consultation que ceux nécessitant une intervention immédiate. l’INAMI avait même créé un code qui permettait au dentiste d’attester une « consultation téléphonique » tarifée et donc remboursée à hauteur de 20 euros. Des statistiques qu’il est possible de consulter dans différentes publications, il ressort que plus de la moitié des appels en urgences dentaires ont été traités « à distance » grâce à des recommandations ou à des prescriptions médicamenteuses.

De l’avenir prometteur de la télémédecine bucco-dentaire, il ne reste aujourd’hui en 2024 que l’essence même de son concept : améliorer l’accès aux soins pour les populations rurales, les personnes âgées, et les patients à mobilité réduite. Crise ou pas crise, les consultations à distance permettent une première évaluation rapide, le triage des patients, la gestion des soins urgents et l’organisation des soins. Cela aide à réduire la surcharge des cabinets dentaires et à optimiser les rendez-vous pour les interventions qui le nécessitent vraiment. La télémédecine facilite un suivi continu et réactif, permettant de surveiller l’évolution des conditions bucco-dentaires et de réagir rapidement en cas de complications.

La télémédecine bucco-dentaire en maisons de retraite présente bien de nombreux avantages. Cependant, la présence d’une troisième personne entre le dentiste et le patient âgé est souvent indispensable pour garantir le succès d’une téléconsultation. En formant correctement le personnel soignant et en intégrant la télémédecine dans les pratiques courantes, les maisons de retraite peuvent significativement améliorer la santé bucco-dentaire de leurs résidents. Les formations du personnel de soins en maisons de repos doivent contenir les notions de base d’un examen oral, compris la manipulation des instruments nécessaires à sa bonne tenue.

Les formations du personnel de soins en maisons de repos doivent contenir les notions de base d’un examen oral, compris la manipulation des instruments nécessaires à sa bonne tenue.

1: l’Odontoscope. 2 : le stylo-lampe avec son embout. 3 : le support à prothèse. 4 : l’emballage spécifique de l’Odontoscope. 5 : l’abaisse-langue en bois ou en plastique.

L’objectif de l’examen oral réalisé par un personnel formé diffère de celui du dentiste, car il n’est pas diagnostique. Toutefois, comme dans un cabinet dentaire, il est essentiel d’assurer un éclairage optimal de la cavité buccale pour une meilleure visualisation. L’utilisation d’une lampe frontale ou d’un stylo lampe médical est précieuse. L’odontoscope, un dispositif combinant un miroir large et un écarteur de lèvres et de joues, permet une observation complète des arcades dentaires, facilitant ainsi l’examen et offrant une vue d’ensemble de l’arcade dentaire. En complément, l’utilisation d’abaisse-langue à usage unique peut être utile pour observer les muqueuses à l’intérieur des joues ou sous la langue. Toutes ces observations peuvent être documentées par une photographie prise avec un simple smartphone et envoyées au dentiste pour améliorer sa capacité à diagnostiquer les problèmes dentaires à distance.

La télémédecine bucco-dentaire est particulièrement précieuse dans ce contexte de maisons de retraite. La clé du succès réside dans l’intégration harmonieuse de ces technologies dans les pratiques existantes, en garantissant que les normes de soins et de confidentialité des patients sont maintenues.

Dr Benoliel Simon, DDM Paris VII, 1987. Fondateur de fsbd.org

Les formations élaborées par Fsbd.org, spécifiques à la santé bucco-dentaire des personnes âgées en maisons de repos, constituent un programme d’accompagnement du personnel de soins dans le maintien de la santé orale des aînés, par le suivi de leur état bucco-dentaire ou de leurs plaintes et par l’application et l’évaluation des bonnes pratiques d’hygiène bucco-dentaire enseignées. Pour ses formations théoriques et pratiques, Fsbd.org utilise un contenu original, fondé sur la pratique clinique de ses dentistes, et mis à jour par les études et conférences de consensus. Pour ses formations cliniques, Fsbd.org utilise ses propres outils d’examen, adaptés à la morphologie buccale et à l’état physique des personnes âgées, ainsi qu’aux contraintes de temps et au niveau d’expérience du personnel de soins.

Par |2025-04-23T17:51:49+02:005 mai 2020|Catégories : Instruments d'examen|
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