La plupart des gens ont découvert la télémédecine ou la consultation à distance, à travers la crise sanitaire qu’a engendré la covid-19. En dentisterie, l’INAMI a même créé un code qui permet au dentiste d’attester une consultation tarifée à 20 euros. Cette consultation se réalise par téléphone… comme tout dentiste qui se respecte la réalisait depuis plusieurs décennies… sans attendre le coronavirus. A la faveur de cette crise, de très nombreux centres téléphoniques d’urgences dentaires ont vu le jour un peu partout dans le monde. L’objectif principal de ces centres résidait dans le « tri » des patients en souffrance afin de sélectionner les urgences nécessitant « la main du dentiste » des urgences traitables « à distance ». Des statistiques qu’il est possible de consulter, il ressort que plus de la moitié des appels en urgences dentaires ont été traités « à distance » grâce à des recommandations ou à des prescriptions médicamenteuses.

Comme Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, les dentistes faisaient donc de la Télédentisterie sans le savoir ! Cet exercice serait parfaitement adapté aux MRS, foyers ou aux personnes dépendantes à domicile, justement par défaut d’accessibilité au cabinet dentaire de ville. Je dois avouer que nous avons utilisé cette possibilité depuis 2004 en maisons de retraite en France, avec une certaine réussite notamment en évitant des transports urgents de résidents vers les centres hospitaliers de proximité. Avec le temps, cette consultation a évolué, utilisant les moyens techniques du moment, tant par la qualité des télécommunications que dans la possibilité d’enrichir la conversation par l’envoi online de photographies ou même de courtes vidéos. Ces contenus médiatiques apportent de toute évidence une aide, un complément au diagnostic du dentiste qui peut se trouver à plusieurs centaines de kilomètres du patient.

Le préalable d’une utilisation optimale de la consultation à distance est pour le dentiste de « connaître » le patient. La consultation ne devrait se dérouler que si le patient a déjà été en contact avec un dentiste, hygiéniste ou infirmier(e) qui auront constitué un dossier dentaire suffisamment documenté quant à sa situation bucco-dentaire. Pour un dentiste, consulter un dossier dentaire existant si ce n’est qu’un schéma dentaire représente un plus qui permettra peut-être d’affiner un diagnostic et d’orienter le patient vers un trajet de soin adapté. Il faudrait donc instaurer dans les MRS, l’obligation d’un examen bucco-dentaire à l’admission d’un nouveau résident, pièce médicale légale qui sera intégrée au dossier médical général du patient (le DMP). A défaut, les établissements hébergeant des personnes dépendantes, pourraient organiser de manière récurrente des dépistages bucco-dentaires de tous les résidents.

Ces mesures sont d’ailleurs réclamées par les autorités de tutelle comme l’AVIQ (Agence pour une Vie de Qualité) qui délivre « l’autorisation de prise en charge » aux résidences accueillant des personnes âgées dépendantes ou handicapées.

Dr Simon Benoliel
DDS Paris